Pourquoi faire les « Cinglés du Mont Ventoux » ?

« Cinglés du Mont Ventoux » : Un défi épique sur une montagne légendaire.

« N’est pas fou qui monte au Ventoux,
mais est bien fou qui y retourne »

Dicton provençal

Il s’agit d’un défi cycliste qui consiste à gravir le Mont Ventoux, par les 3 versants dans une même journée. L’épreuve est réputée pour sa difficulté due à la pente raide et des conditions météorologiques variables qui peuvent rendre les ascensions encore plus exigeantes.

L’épreuve des « Cinglés du Mont Ventoux » est organisée par le Club des Cinglés du Mont Ventoux. Le club délivre des médailles (+ diplôme pour certains défis) et une inscription au palmarès avec un numéro d’homologation officiel. Tous les lauréats sont présents sur un site internet dédié à cette folie.

Le club a été fondé par Christian Pic en 1988.

Plus de 17 000 cyclistes sont aujourd’hui lauréats de l’épreuve en sachant que plus de 500 d’entre eux l’ont fait plus d’une fois. Ça en fait des ascensions.

Le Mont Ventoux : Une montagne légendaire

Le Mont Ventoux est une montagne iconique située dans le département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans le sud de la France. Avec son sommet culminant à 1912 mètres d’altitude, il est surnommé « le Géant de Provence » en raison de sa silhouette imposante et isolée. Contrairement à ses homologues des massifs des Pyrénées ou des Alpes, ce n’est ni un col (point de passage entre deux vallées) ni un cormet (point de passage entre deux montagnes) ou affiliés topographiques. C’est en quelque sorte une grande montagne posée au milieu de nulle part si on grossit le trait.

Mont Ventoux
Mont Ventoux

Pour tous les cyclistes, le Mont Ventoux est synonyme de légende. Il a été escaladé à de nombreuses reprises lors du Tour de France, faisant de lui l’une des ascensions les plus célèbres et redoutées de la compétition. Les plus grands noms de la petite reine y sont passés et s’y sont distingués.

On y trouve aussi un monument à la mémoire de Tom Simpson, un cycliste professionnel décédé en grimpant le géant le 13 juillet 1967. Épuisé physiquement, déshydraté et sans eau, sous une chaleur de plomb et tristement célèbre pour sa prise de substances dopantes (entre autres des amphétamines)… un cocktail fatal.

Memorial tom Simpson Mont Ventoux
Memorial tom Simpson Mont Ventoux – Photo de Peter Curbishley (Flickr) – Sous licence CC BY 2.0

Le Mont Ventoux possède des caractéristiques géographiques uniques qui renforcent le défi. Un sommet conique et dépourvu d’arbres qui lui donne un aspect lunaire, avec des paysages rocheux d’allure désertique qui contrastent avec les alentours verdoyants.

De plus, le Mont Ventoux est exposé à des vents parfois violents (> 100 km/h) et à des changements climatiques soudains, ce qui peut rendre l’ascension encore plus difficile et imprévisible. Son altitude donne un fort gradient de température entre le pied et le sommet qui peut être très éprouvant aux printemps et en automne.

L’hiver, le col est fermé à la circulation et se transforme en station.

Mont serein ventoux hiver
Téléski en hiver – Photo de Station du Mont Serein

Trois itinéraires, trois défis

Je remercie le site https://climbfinder.com/fr qui m’a autorisé à utiliser leur profil de cols pour mon article.

Le sommet se fait par 3 versants du moins difficile au plus difficile si on doit les classer. Chaque ascension est nommée du nom de la ville au pied.

Bédoin

L’itinéraire partant de Bédoin est le plus populaire et considéré comme le plus difficile. Réputé comme celui étant à faire si on doit le gravir qu’une fois.

mont-ventoux-bedoin
mont-ventoux-bedoin

Près de 21 kilomètres d’ascension (20,8 pour être précis). 7,7 % de pente moyenne et 1594 m de dénivelé positif.

Des pourcentages élevés dès le pied et aucun répit jusqu’au sommet. Des kilomètres avec une difficulté constante, mais avec des pourcentages importants.

 Le tronçon le plus redouté est la partie finale de la montée à partir du « Chalet Reynard », à environ 6 kilomètres du sommet. Des pentes dépassant souvent les 10 % voire 12 %. Ce passage est souvent exposé aux vents violents, en plus de la pente raide, rendant la progression difficile. Illustré par la présence d’un panneau “col des tempêtes” a proximité du sommet. Autant vous dire que cela peut souffler fort.

Col des tempêtes mont Ventoux
Col des tempêtes mont Ventoux

Malaucène.

Cette ascension serait la deuxième plus difficile. 21 kilomètres avec 7,5 % de pente moyenne et 1564 m de dénivelé positif tout de même. Finalement pas beaucoup moins de dénivelé que Bédoin.

Ce versant est beaucoup plus irrégulier que celui de Bédoin avec des « replats » ponctués de kilomètres très difficiles. Celui à 11 % de moyenne doit être compliqué pour la tête et aux jambes.

Instinctivement en voyant les profils, je dirais qu’il est plus dur que celui de Bédoin. Le changement de rythme est terrible dans une montée aussi longue, surtout avec ces pourcentages de pente.

La portion entre le 9e et le 14e kilomètre doit être cochée comme la difficulté principale. Et j’imagine que le replat à 3 % donne l’impression aux jambes que c’est fini alors qu’on en est loin.

mont-ventoux-malaucene
mont-ventoux-malaucene

Sault

On pourrait presque parler de douceur comparée aux deux précédents. C’est le versant le plus accessible pour gravir le mont Ventoux. En revanche, c’est aussi le plus long avec plus de 24 kilomètres voire 26 depuis le centre de Sault. 4,9 % de moyenne globale et 1204 m de dénivelé positif.

mont-ventoux-sault
mont-ventoux-sault

La partie la plus exigeante est celle à partir du Chalet Reynard partagé avec la montée depuis Bédoin.

Il vaut mieux laisser cette partie pour l’ascension finale du défi.

Préparation pour l’épreuve des « Cinglés du Mont Ventoux »

Une préparation physique et mentale est essentielle pour affronter le défi des « Cinglés du Mont Ventoux ». Plus de 130 kilomètres à parcourir et plus de 4100 m de dénivelé positif. Une étape digne du Tour de France.

Ce défi ne doit pas être pris à la légère. Il faut avoir un entraînement conséquent, une bonne endurance et avoir travaillé la partie mentale. Pouvoir résister aux éléments, à la fatigue et à la douleur.

Il faut bien sûr avoir fait des sorties longues et pouvoir rouler plus de 7 heures, des exercices d’endurance et de force, ainsi que des séances en montagne si possible. Telles sont les recommandations pour se préparer efficacement. Si l’on n’est pas habitué à souffrir sur le vélo et aller au-delà de soi-même, le défi est impossible à faire.

Outre l’aspect physique, la préparation mentale joue un rôle clé dans la réussite du défi. Il faut pouvoir faire face à des moments de doute et de fatigue pendant les ascensions. La motivation, la détermination et la capacité à gérer mentalement les difficultés sont autant d’éléments importants pour réussir les Cinglés du Mont Ventoux.

En ce qui concerne l’équipement, il faut avoir un vélo en bon état, adapté à la montagne (surtout pour le développement), et des vêtements appropriés en prévoyant les variations de température possibles. De quoi s’alimenter et s’hydrater toute la journée. Barres, gels énergétiques selon ses habitudes, boisson isotonique et de quoi en refaire dans la journée. Des bidons de bonnes capacités pour emporter un maximum de liquide.

Casque obligatoire et éclairages si on doit rouler de nuit. Mieux vaut les prévoir, car la nuit peut arriver sans crier gare avec la météo capricieuse.

Il est également bon d’anticiper une diminution de nos performances habituelles.

Des témoignages saisissants et fascinants de cinglés

Les nombreux témoignages que l’on peut lire donnent la mesure et le caractère insensé de ce défi hors norme.

Il apparaît comme une aventure ; l’une des plus mémorables de leur vie. Un défi qui les a poussés au-delà de leurs limites et les a profondément marqués. On lit aussi qu’il est incontournable.

Au-delà de la beauté des paysages traversés, les panoramas à couper le souffle de la montagne et des environs ; une des choses qui revient le plus est l’aspect émotionnel de l’épreuve. Des moments de doute, l’envie de tout arrêter et beaucoup de souffrance qui ont ponctué la réalisation. Une détermination qui prend le dessus à la fin et qui transcende le cycliste. Dis comme cela, ça ne ressemble pas à quelque chose qu’on a envie de s’infliger.

Certains cyclistes cherchent à se surpasser physiquement et mentalement, à repousser leurs propres limites pour prouver leur force et leur résilience. D’autres sont animés par la quête d’un accomplissement personnel, un défi à la mesure de leur passion pour le cyclisme.

Le brevet des « Cinglés du Mont Ventoux » est un symbole de fierté et de réussite pour les cyclistes qui le reçoivent. Il est souvent encadré et affiché fièrement en souvenir de cette journée épique. Outre le brevet officiel, les cyclistes repartent avec des souvenirs inestimables, des anecdotes à raconter et une expérience qui les accompagnera toute leur vie.

À tout âge

Une des choses qui m’a le plus surpris est l’âge de certains lauréats au moment de leur homologation, ainsi que le nombre de défis validés.

Le cycliste ayant validé le plus de cinglés a fait son premier (homologué) à 50 ans et réalisé 3 fois le défi dans l’année de ses 70 ans. Pour un total de 85 défis validés. Nul doute qu’il doit sa forme au vélo.

Je ne sais même pas dans quel état je finirai ma première tentative. Je ne sais pas non plus si je pourrais la finir.

La reconnaissance officielle des « Cinglés du Mont Ventoux »

Le Club des Cinglés du Mont Ventoux délivre des brevets officiels aux cyclistes qui réussissent le défi.

Pour obtenir le titre de « Cinglé », une inscription préalable et une participation de 22 € sont requises.

Une plaque de cadre à accrocher au vélo et une carte de route qui doit être tamponné par les offices de tourisme ou les commerçants aux 3 villes au pied des ascensions et une fois au sommet.

Une fois l’épreuve terminée, les participants envoient la carte de route pour l’homologation. Cette dernière est retournée avec un numéro d’homologation et d’une médaille. Ils sont alors inscrits dans le palmarès du club des cinglés, leur exploit est affiché sur le site internet. Ils ont également accès à un groupe Facebook exclusif pour tous les lauréats.

carte de route cinglés du mont ventoux
carte de route cinglés du mont ventoux

Des variantes encore plus folles

Si le cinglé ne vous suffit pas et si vous en voulez encore plus : deux choix s’offrent à vous :

      • Réaliser d’autres cinglés
      • Faire encore plus

Le club propose deux autres défis.

3 defis cingles mont ventoux
3 defis cingles mont ventoux

 LA tenante du titre (oui vous avez bien lu) des bicinglés l’a gravi 24 fois au moment où j’écris. Ce chiffre m’impressionne autant qu’il me fait peur. Les deux hommes qui complètent le podium sont à 8 et 7 bicinglés. IN-CRO-YA-BLE! Immense respect pour cette femme.

Palmarès Bicingles du mont ventoux
Palmarès Bicingles du mont ventoux
#1 bicingles mont ventoux
#1 bicingles mont ventoux

Il faut croire que le premier défi ne suffit pas malgré sa difficulté extrême.

Le défi des bicinglés me paraît totalement aberrant et à la fois extraordinaire. Comment peut-on vouloir autant souffrir ? Le dénivelé est considérable et c’est toujours à effectuer dans une journée de 24 h.

J’ai déjà fait des sorties de 300 kilomètres, mais avec environ 1800 m de dénivelé. Un autre monde.

Pourquoi je fais ce défi ?

Oui, malgré ce que je viens d’écrire, je veux réaliser le défi.

Plaque de cadre et carnet de route cingles mont ventoux
Plaque de cadre et carnet de route cingles mont ventoux

Pour une première fois au Mont Ventoux

Le caractère particulier de ma démarche est que je ferais le défi des cinglés pour ma première fois au Mont Ventoux.

Habituellement, on se teste sur une ascension puis une à deux autres et ensuite on se lance dans le défi des cinglés.

De nombreux retours que j’ai pu lire disaient qu’il fallait ABSOLUMENT connaître le Mont Ventoux et l’avoir pratiqué avant et que c’est de la folie. Mais ce défi en lui-même n’en est-il pas un ?

Toujours est-il que je vis a plus de 700 kilomètres de Bédoin. Je n’ai pas le temps ni l’envie de faire ce trajet pour « me tester ». Autant y aller dans les conditions réelles, quitte à ne pas le finir et voir ce que ça donne.

Cela fera de ma première fois un moment vraiment mémorable et épique. On a qu’une seule première fois au Mont Ventoux dans sa vie.

Au-delà du défi personnel et du fait que je rêvais de gravir cette montagne mythique comme beaucoup de cyclistes, il y a une autre raison.

Pour préparer un autre objectif aussi grand, voire plus

Cette année, sur un coup de tête, je me suis inscrit à l’étape du Tour.

Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une cyclosportive chronométrée qui se fait sur le parcours d’une étape (de montagne forcément) du vrai tour de France et dans les mêmes conditions :

      • Même parcours
      • Routes fermées
      • Grosse organisation

La seule différence est que la plupart des participants le font pour finir l’étape alors que les cyclistes professionnels enchaînent pendant 3 semaines.

On partage le temps d’une journée, malgré une condition physique à des années-lumière, une tranche de vie d’un cycliste professionnel sur un grand tour. Que dis-je, le plus grand tour national et la plus belle course cycliste au monde. Et à la fin on a une médaille. Tout pour les médailles 😀

Il n’y a que cet évènement qui permet de vivre cela.

Bien sûr, des cyclosportives sont organisées en marge d’autres courses comme Paris-Roubaix, Paris-Nice, Liège-Bastogne-Liège et d’autres classiques flandriennes. Mais aucune n’a le prestige du Tour de France bien que Paris-Roubaix soit légendaire.

Idéalement, pour préparer un tel évènement, il faut avoir fait avant un entraînement similaire. À l’image de ma préparation pour la traversée de la route des Grandes Alpes j’ai préparé un petit plan d’entraînement sur lequel je reviendrais. Avec le défi des cinglés du Mont Ventoux comme premier objectif de l’année en vue de l’étape du Tour.

Le défi des cinglés présente un dénivelé similaire à l’étape du tour alors il sera une très bonne préparation. Je n’ai jamais fait autant de D+ (dénivelé positif) durant une sortie.

L’étape 14 du Tour de France 2023 : Annemasse — Morzine

etape du tour 2023 parcours
etape du tour 2023 parcours

Un sacré morceau : 157 kilomètres, 4100 m de dénivelé positif et 5 cols dont le Col de la Ramaz avec qui j’ai fait connaissance lors de la 1re étape de ma TransAlpes : Thonon-les-Bains | Cluses.

J’ai encore bien en tête les images sublimes au sommet tout en me souvenant de ce col terrible pour les jambes.

Une journée horrible en perspective, mais qui promet d’être inoubliable.

J’aime autant vous dire que je me suis souvent demandé pourquoi je m’étais inscrit en sachant que j’allais (beaucoup) souffrir. Il faut croire que les cyclistes sont des êtres trouvant le bonheur dans la souffrance et le dépassement de soi.

Affaire à suivre.

Avez-vous déjà gravi le mont Ventoux ? Rêvez-vous de le faire un jour ? Partagez-le en commentaire. 🙂

Si vous avez aimé l'article, vous êtes libre de le partager | :-)

2 réponses sur “Pourquoi faire les « Cinglés du Mont Ventoux » ?”

  1. Holala j’ai suivi tout comme si j’y étais ! Tu nous emmène bien avec toi là !
    Et j’ai pu avoir le plaisir de te savoir au bout du challenge avec ton nom sur le site et ta médaille 🏅😁👏🥳🎉
    Ho des souffrances ça oui!
    Mais quelle récompense d’être arrivé au bout ! Quelle fierté ! Un beau dépassement….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.