4 cols dans la journée et premiers problèmes
Le parcours : Cluses — Villard sur Doron
Détail des cols et informations
Une journée un peu plus difficile en perspective. Quatre cols à gravir et presque deux fois plus de dénivelé positif que la veille.
Je remercie le site https://climbfinder.com/fr qui m’a autorisé à utiliser leur profil de cols pour mon article.
Col de Romme
Un col avec du rouge foncé partout. Ça promet d’être intense.
Une occasion de se tester en vue des cols plus difficiles de la semaine.
Col de la Colombière
Voilà un col dont il faut se méfier : les 5 derniers kilomètres sont les plus durs et les deux derniers à 9 % de moyenne promettent d’être terribles. Mais j’ai reçu des instructions sur la montée. Je vous en parlerais.
Col des Aravis
Il a l’air plus facile que les précédents, mais plus long. Le kilomètre à 8 % risque de faire mal. Le parcours nous faisait commencer le col à partir de Saint-Jean-de-Sixt
Col des Saisies.
C’est assez drôle de traverser des morceaux d’histoire dans ce col au nom si évocateur. De nombreuses hypothèses existent sur l’origine de ce nom.
Maintenant il y a le prélèvement à la source sur les salaires et plus de saisies sur la route par les autorités . Il y a même un livre dédié : La Saga des saisies.
Une première partie est plus dure, mais globalement il semble plus accessible que le Col de Romme ou de la Colombière. Cependant, ce sera le 4e col de la journée. La fatigue accumulée pourrait le rendre difficile à gérer.
Déroulement
Mauvaise nuit et apports insuffisants.
Le restaurant de la veille était bon, mais un peu trop gastronomique au vu de la journée. Je n’ai pas assez mangé et je suis rentré vers 23 h 30.
J’ai très mal dormi à cause de la chaleur et la première nuit à l’extérieur est toujours compliquée.
Sans être épuisé au réveil, je craignais que la nuit influe sur la journée.
Petit déjeuner RO-YAL
Très bonne surprise au réveil avec un petit déjeuner copieux. De quoi charger les stocks pour la journée.
Pains, viennoiseries, yaourt maison, etc. Tout ce qu’il faut.
La journée commence bien.
Des vues à couper le souffle
Avant de parler paysage, il faut quand même préciser que le Col de Romme a une pente moyenne de 8,7 %. Heureusement qu’il ne fait que 9,3 kilomètres et que c’est le premier de la journée.
Il est exigeant et donne peu de répit hormis dans le village de Nancy-sur-Cluses.
Le point positif c’est que la pente est régulière et il n’y a pas beaucoup de « coup de cul » à passer.
Coup de cul : définition de l’expression du jargon vélo
Il s’agit d’un changement brusque de la pente sur une courte distance, mais qui nécessite de se mettre en danseuse pour garder le rythme et ne pas « buter » dans la pente.
Il faut lever les fesses de la selle d’où l’expression.
Exemple : une pente qui monte à 8 % depuis 1 kilomètre et on arrive dans un passage à 15 % sur 200 m.
Dans un col difficile, les coups de cul sont terribles. Le changement de rythme peut vite entamer l’énergie. Il faut s’employer plus si on veut maintenir un rythme, changer régulièrement de braquet… cela demande plus d’efforts.
Je préfère une pente avec un fort pourcentage régulier qui permet de monter en restant assis que des variations importantes et fréquentes.
La montée n’est cependant pas désagréable et offre de superbes panoramas.
NE (SURTOUT) PAS REGARDER le chalet
2e col de la journée et pas des moindres : le col de la Colombière.
L’instruction du jour d’un cycliste ayant fait l’épreuve : ne surtout pas regarder le sommet pour avoir un repère. Sous AUCUN prétexte.
Ce chalet !
Source : Stephan Brunker at German Wikipedia
Je me suis un peu senti comme Ulysse dans l’Odyssée d’Homère, averti qu’il ne fallait pas écouter les sirènes. Mythologie quand tu nous tiens. Cela rendrait la montée un peu plus épique avec une lutte contre une curiosité pouvant être fatale.
En rajoutant la pente élevée, le col paraît interminable ; surtout si on n’est pas au mieux physiquement.
Les derniers kilomètres sont terribles et durant l’ascension on peut voir le chalet situé au sommet qui semble ne jamais se rapprocher. Je l’ai vu apparaître puis je ne l’ai plus regardé.
J’ai vu des cyclistes en grande difficulté dans la partie finale, pédalant presque à l’arrêt. Nombre d’entre eux avaient les yeux rivés sur le chalet, de la souffrance se lisant sur leurs visages.
J’ai encouragé quelques-uns, mais je suis resté concentré sur mon effort en m’efforçant de ne pas regarder le sommet. Sans m’empêcher de profiter des paysages environnants.
Ce col est vraiment difficile, mais beau. Je ne me suis pas arrêté pour prendre des photos à cause de la pente.
Au sommet il y avait beaucoup de monde : des voitures, des motos, des cyclistes. Je n’ai pas pu prendre une photo à côté du panneau. Ce sera pour une prochaine.
Super descente
J’ai pris beaucoup de plaisir dans la descente. C’est très beau, le revêtement est bon et ce n’est pas très technique. Très rapide avec une bonne visibilité. Frissons de plaisir pendant toute la descente jusqu’au Grand Bornand.
Dans les coulisses :
Le calme avant la tempête
Après un arrêt déjeuner à Saint-Jean-de-Sixt, départ directement dans le col des Aravis.
Il est nettement plus facile que les précédents. Le col est agréable, mais m’a moins émerveillé que les précédents. La beauté perçue serait exponentielle à la difficulté?
La descente est très agréable : rapide avec un revêtement correct. Je ne dirais pas que je suis un très bon descendeur mais je ne suis pas crispé sur les freins et me fais plaisir, aime la vitesse (peut-être un peu trop). Dans le groupe un certain nombre trouve que je roule trop vite.
Une belle descente c’est une récompense à condition d’être suffisamment lucide et avoir l’esprit clair.
Par contre j’ai pu obtenir cette magnifique photo prise dans la descente du col à l’entrée d’un virage !
Souffrance dans un four
Dernier col du jour : le col des Saisies.
Au départ de Flumet, il annonce la couleur avec de forts pourcentages dans une série de lacets serrés.
Il faudra s’accrocher jusqu’au sommet.
Au bout d’environ 2 kilomètres, je sens que quelque chose ne va pas.
J’ai tout d’un coup très très chaud. Ce qui ne m’arrive presque jamais. Ma fréquence cardiaque est normale pour l’effort, ma respiration aussi. Je ne me sens pas mal physiquement et je n’ai pas de fringale.
Je regarde la température sur mon compteur et je vois 34 °C.
Et là c’est le drame : je secoue mon bidon pour évaluer ce qu’il me reste et j’ai environ la moitié du bidon de 750 ml. Ça n’aurait pas été un problème avec un thermomètre plus clément. Ça s’annonce irréalisable dans ces conditions.
Je suis à plus de 10 kilomètres du sommet et il reste un peu plus de 17 kilomètres avant l’arrivée. Je ne tiendrais jamais avec aussi peu d’eau sans risquer mon intégrité physique.
Je continue en espérant que je tombe sur un endroit où m’approvisionner en eau. J’ai de plus en plus soif, le soleil me tabasse et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire je n’ai plus d’eau.
Je continue à rouler en m’économisant un maximum et je rejoins un membre de mon groupe dans le même état que moi. Il n’y a pas âme qui vive, on est dimanche. L’envie de s’arroser est pressante.
Après quelques centaines de mètres semblant interminables (je ne saurais dire combien, j’étais déjà dans un état second), nous sommes tombés sur un musée ouvert.
Hallelujah!! Nous sommes sauvés.
Nous avons pris une limonade pour récupérer un peu, profiter d’une pause ombragée et la commerçante a accepté de nous remplir nos bidons d’eau fraîche.
À cet instant nous étions à environ 7 kilomètres du pied du col. Rouler quand on est déshydraté est très dangereux et peut avoir de lourdes conséquences.
10 conseils pour faire du vélo avec la chaleur et la canicule.
D’autres membres à qui il restait de l’eau ont choisi une pause plus immersive.
Je suis reparti seul et fini le col plus à l’aise que le début. La chaleur a tout de même rendu la montée éprouvante malgré les pourcentages plus faibles.
Le col de Romme dans ces conditions aurait été une autre histoire.
J’ai pris la photo pour l’avoir : j’avais perdu toute notion de plaisir. J’ai l’air particulièrement enchanté sur la photo.
Une petite dernière pour finir ?
Une fois arrivé au sommet du col des Saisies, je me rends compte que ce n’est pas tout à fait fini.
La fin de l’étape se trouve à proximité de « Bisanne 1500 », ce qui signifie qu’il faudra encore grimper.
Les 2,5 premiers kilomètres de ce monstre (Signal de Bisanne depuis Col des Saisies) que j’aurais la chance de ne pas avoir à grimper jusqu’au sommet.
Au bout d’un kilomètre, moralement épuisé, je m’arrête et ouvre une barre que je mange entièrement. Un effet placebo et une douceur pour finir : je n’aurais certainement pas le temps de ressentir les effets énergétiques de cette barre avant d’arriver.
Bilan final
84,85 kilomètres et 2927 m de dénivelé selon mon GPS. Effectué en 5 h 16 soit une vitesse moyenne de 16,1 km/h.
Impressions physiques
La journée avait bien commencé, mais j’ai souffert dans le col des Saisies. Beaucoup.
Dans ces moments, le plaisir a disparu et on pédale pour avancer ; le moral au plus bas.
La préparation hivernale dont je parle dans Comment préparer un défi cycliste hors normes : conseils et astuces est utile pour ces situations où seul notre mental peut nous faire avancer.
Étant physiquement à bout, le moral au ras des pâquerettes et l’absence totale de plaisir. La seule chose dont on a envie sur le moment est d’abandonner.
Après analyse de la sortie, il faisait les mêmes températures dans le col des Aravis. Je n’e l’ai pas ressenti. La descente du col m’aura rafraîchi avant le pied du col des saisies.
Visiblement le mercure sera monté à 36 °C.
Déshydratation
Moment à éviter absolument pour ne pas se mettre en danger.
J’ai perdu énormément de sels minéraux durant la journée. J’étais couvert d’une pellicule blanche qui n’avait rien à voir avec la crème solaire.
10 conseils pour faire du vélo avec la chaleur pour vous aider à mieux affronter les journées de forte chaleur.
Petite consolation pour finir la journée
La bière (et l’alcool en général) n’a aucun effet positif sur la récupération ni sur l’hydratation. Mais il faut avouer que ça fait du bien au moral surtout après une journée éprouvante. À utiliser avec parcimonie et modération.
Il ne faut pas que cela devienne une habitude, car les journées éprouvantes sont fréquentes.
Je pense que cela doit rester exceptionnel.
Grosse session d’étirements et massage prolongé.
Après une pareille journée et sachant qu’il faudra remonter sur le vélo le lendemain ; il vaut mieux mettre toutes les chances de son côté pour récupérer.
J’ai donc bu 1,5 L d’eau minérale pour tenter de contrer la perte colossale du jour, pris deux doses de protéines et fais une longue session d’étirements. Pour améliorer la circulation sanguine et réduire les douleurs musculaires.
Après la douche, un automassage prolongé pour bien détendre les muscles. Habituellement, j’utilise de l’huile de massage Osthéo+ mais je n’en avais plus alors j’ai pris du baume chinois relativement équivalent.
Matinée en camion le lendemain
La journée commence par une participation logistique et de l’assistance au groupe.
Encore mieux pour récupérer : j’ai été bien inspiré de prendre cette demi-journée de repos dans la semaine.
Sans avoir anticipé que cette journée serait particulièrement difficile.
Bilan matériel
Journée sans niveau matos : une pièce du vélo a fait des siennes.
Premiers problèmes mécaniques
Dès le début de la journée dans le Col de Romme, un bruit horrible au niveau du pédalier à chaque coup de pédale.
Il est très désagréable et j’ai l’impression de faire mal au vélo. Le bruit est constant et a la limite du supportable pour moi qui aie l’habitude d’un silence relatif sur le vélo.
Ça ne l’est pas moins pour le reste du groupe qui m’entendait de loin et savait ma cadence de pédalage au bruit.
Je me suis arrêté pour :
-
- Vérifier le serrage du pédalier. RAS
- Vérifier qu’il n’y a pas de jeu au niveau des manivelles. RAS
- Le serrage des pédales. RAS
- Le serrage des plateaux. RAS
- Du jeu au niveau de la base du pédalier. RAS
Il faut toujours avoir sur soi un minimum d’outils pour parer ce genre d’évènement. Que ce soit dans les poches, dans un sac à dos ou une sacoche de vélo.
Il ne reste que le boîtier de pédalier et les roulements, mais impossible de vérifier cela au bord de la route.
Ce qui cloche ? Le boîtier de pédalier a environ 2500 kilomètres et je n’ai pas roulé sous la pluie avec. C’est la dernière hypothèse, mais j’ai quand même du mal à y croire.
Je me laisse décrocher par le groupe pour monter en gênant le moins possible et subir le bruit seul.
Durant la journée le niveau de bruit était variable. Parfois il s’arrêtait quelques kilomètres, reprenait à un moment où les pourcentages étaient plus raides. Une situation qui m’a particulièrement agacé et ennuyé. La sensation de malmener mon vélo et d’avoir probablement loupé quelque chose, de ne pas mériter un si beau vélo pour le traiter ainsi. La peur de la casse, bien qu’ayant été rassuré par les membres du groupe.
Je me suis arrêté quelques fois pour vérifier que les contrôles initiaux n’avaient pas évolué.
Après la sortie, je démonte le pédalier et là : grosse surprise. Les roulements sortent seuls de leur emplacement sans aucun effort. Il y a de la graisse partout dans l’emplacement donc les roulements ont fui et sont secs.
C’est anormal.
En tournant les roulements avec le doigt, ils « grattent » et le mouvement n’est pas fluide. Puisque j’ai amené avec moi de la graisse pour roulement, je démonte délicatement les opercules et mets de la graisse dans les roulements.
J’ai fait cela sans grande illusion sachant qu’ils fuyaient, mais cela me donnerait peut-être un moment de répit le temps de résoudre cela. En tout cas je l’espérais.