Se frotter au légendaire col du Galibier
Le parcours : Valloire — Guillestre
En théorie : 101 kilomètres, 2440 m de dénivelé et une altitude maximale de 2632 m.
Détail des cols et informations
Aujourd’hui, je vais affronter une légende : le col du Galibier.
Je remercie le site https://climbfinder.com/fr qui m’a autorisé à utiliser leur profil de cols pour mon article.
Col du Galibier (à partir de Valloire)
Un col long avec des kilomètres difficiles et des pentes à environ 12 % par endroit, il est réputé pour ses paysages époustouflants. 18 kilomètres avec 6,9 % de pente moyenne et 1213 m de dénivelé positif.
On ne le présente plus, il est considéré comme l’un des cols les plus emblématiques et les plus difficiles pour les cyclistes.
Depuis le 10 juillet 1911 où il a été franchi avec un sommet enneigé par Émile Georget, il a été emprunté plus de 60 fois par le tour de France. Un haut lieu de la course cycliste la plus prestigieuse au monde. Il est souvent inclus dans l’itinéraire du Tour en raison de sa difficulté pour les coureurs ainsi que ses paysages spectaculaires.
Le col légendaire est aussi apprécié par les cyclistes amateurs qui viennent du monde entier pour le conquérir. Les randonneurs et amoureux de la montagne y trouvent également leur compte.
Col d’Izoard
Il semble moins difficile que le col du Galibier. Des pentes plus douces au début, mais une partie finale qui pourrait être compliquée en fin de journée.
Il présente 6,1 % de pente moyenne, 1174 m de dénivelé positif avec des pentes de 13 % sur une portion et 1 kilomètre de plus que le col du Galibier.
Déroulement
La vraie ascension du Col du Galibier ?
D’aucuns diront que la vraie ascension du Col du Galibier se fait à partir du versant nord et doit partir de Saint-Michel de Maurienne en passant par le col du Télégraphe.
Je ne vais pas rentrer dans ce débat qui pour moi est stérile et vise uniquement à rabaisser d’autres personnes. Toutes les performances sont louables et je suis admiratif de tous les cyclistes, quels que soient leurs niveaux. C’est un sport difficile à tous les étages et la même passion est partagée, bien que conditionnelle pour certains.
Cela dit, l’enchaînement Col du Télégraphe/Col du Galibier doit être terrible. Quand je vois dans quel état j’ai fini le premier hier…
Le versant sud à partir de Briançon est quand même moins difficile et un peu moins mythique aux yeux de tous. Pour autant, cela n’a pas empêché l’organisation du tour de France d’y passer en 2022 lors de la 12e étape. Ce versant offre des points de vue sublimes lui aussi.
Départ « à la fraîche »
J’ai bien dormi et me sentais en forme en me levant. Une belle journée qui s’annonce ; le moral n’impactera pas négativement le début.
Je fais partie des derniers à partir du groupe, les plus lents partant 1 h avant. Il faisait environ 20 °C. Température parfaite : il ne fait ni trop chaud ni trop frais.
Un col magnifique qui laisse sans voix
Ce qui est super au départ de Valloire c’est que la pente augmente très progressivement. On n’est pas directement dans de forts pourcentages (> ~ 8 %) et ça laisse le temps de s’échauffer et de profiter des premiers panoramas.
À l’image du début du Col de L’Iseran, on voit sur sa droite les plus forts pourcentages arriver. Le temps passé à voir ce qui arrive rend l’effort plus difficile, et pourtant c’est très plaisant à voir. Cette montagne qui s’élève dans les cieux et les cyclistes que l’on voit déjà grimper. Ça donne une dimension théâtrale à l’approche.
On viens de là.
Une ascension étonnamment aisée
Deuxième surprise de la semaine sur ce col mythique. Je ne l’ai pas trouvé si difficile que ça finalement. Bien sûr, il n’est pas facile et je n’avais pas la socquette légère tout le long. J’étais bien et ne me battais pas avec le vélo pour grimper.
Avoir la socquette légère
Expression cycliste qui se dit d’un(e) cycliste en si bonne condition physique que l’effort paraît très simple pour lui (elle).
Je me suis surpris à relancer en danseuse après les lacets et même augmenter le rythme pour suivre et « tirer » un cycliste australien avec qui j’ai échangé.
J’ai vécu un moment compliqué à l’approche du sommet. C’est un sentiment mitigé de ne pas avoir vécu une souffrance indescriptible dans un (si) grand col. Je précise quand même que le dernier kilomètre paraît interminable, coup dur au moral pour ceux n’étant pas en forme.
Il est fort possible que j’aie profité des efforts des précédents jours et que mon corps se soit accommodé aux efforts quotidiens. Il faut dire aussi que la routine de récupération auquel je m’astreins doit aider aussi.
Je le redoutais comme le col de l’Iseran, cela a pu jouer également.
Par habitude, je prends l’extérieur de chaque lacet dès que possible. La distance est certes plus grande, mais la pente plus faible. Ce qui permet de tourner les jambes pour récupérer, d’accélérer et de détendre le corps. L’intérieur des virages est souvent plus pentu et nécessite une relance en force en se dressant sur les pédales.
Une descente (très) rapide
Le début de la descente est technique avec des lacets à négocier jusqu’au col du Lautaret.
Les paysages sont saisissants, il faut toutefois rester concentré. J’en profite malgré tout.
Après le col du Lautaret, on se retrouve sur une route quasi rectiligne sans virage compliqué à gérer. On prend de la vitesse, beaucoup de vitesse. C’est impressionnant !
J’ai commencé par suivre un Van qui me protégeait du vent. Il devait accélérer régulièrement pour maintenir sa distance ne voulant visiblement pas que je le double. D’ailleurs, le conducteur s’est arrêté sans me surprendre en anticipant et se signalant. Je l’en remercie.
Par la suite, un maxi-scooter type T-Max que j’ai suivi à toute vitesse jusqu’à l’agglomération de « Le Monêtier — les Bains ». Il accélérait, se retournait et me voyait dans sa roue, accélérait à nouveau et me voyait encore. Il m’a fait un signe de la main avec un pouce vers le haut et relevé sa visière où j’ai pu voir un sourire. Il semblait impressionné. Ça change de certains usagers qu’on peut rencontrer sur la route.
Je ne sais pas à quelle vitesse j’ai roulé, car je ne regarde jamais cette information en descente. J’ai un écran spécial sur mon compteur avec la carte (un zoom de 200 m environ) qui est la seule information utile. Cela permet d’anticiper les virages et jauger la vitesse à laquelle on peut effectuer l’approche ; même sans connaître la route.
Je me suis fait la réflexion qu’il ne faudrait pas qu’il y ait un obstacle que je n’aurais pas vu sur la route, le scooter obstruant quelque peu la vision. À ces vitesses, un rien peut causer une très grosse chute.
J’adore ces sensations.
Un détour de 20 kilomètres
Une fois la vraie descente du col terminée, un long faux plat descendant vers Briançon avec du vent de face. Je suis seul, je me sens bien et roule à bon rythme. Je ne connais pas ma position par rapport au reste du groupe, mais j’imagine qu’il doit y en avoir devant moi.
Chaque matin avant le départ, les préposés à la logistique indiquent un lieu estimatif pour la pause déjeuner. J’avais en tête qu’elle se ferait vers Briançon. En général, le camion à de l’avance sur le groupe alors je restais attentif, sans inquiétude particulière.
Ne voilà-t-il pas que je me retrouve au centre-ville de Briançon et que je vois le début de la route qui mène au prochain col de la journée : Le col de L’Izoard.
Je me dis : « Là, il y a un problème ! :-o ». Ça veut dire que je suis allé trop loin, le camion de 20 m3 ne trouvera jamais un endroit au centre-ville.
J’envoie un message au groupe pour avoir des infos et le couperet tombe : j’ai fait 10 kilomètres de plus. Ça fera 20 kilomètres supplémentaires à la fin de la journée. Tant pis pour moi.
Tout le groupe a ri et m’a reproché d’être descendu seul.
Certains m’ont vu descendre a toute vitesse vers le col du Lautaret, mais visiblement je ne les ai pas entendus. Ils faisaient une pause.
D’un autre côté, si je suivais la majorité du groupe je me ferais des frayeurs en descente et finirai les mains engourdies et le haut du corps tendu. Ils descendent pour beaucoup les mains crispées sur les manettes de freins.
Détour à la pharmacie
Durant mon petit interlude, j’en ai profité pour passer dans une pharmacie.
Dans la descente, j’avais très mal aux lèvres et je les sentais particulièrement desséchées. C’était la première fois que ça m’arrivait.
La personne qui me sert me dit que j’ai pris un coup de soleil aux lèvres et me conseille d’appliquer très fréquemment du baume à lèvres solaire chaque jour jusqu’à la fin de la semaine.
Ça m’a surpris, car je ne me suis jamais préoccupé de mes lèvres pour le vélo. Je ne m’étais jamais posé cette question bien que je tartine généreusement 2 fois par jour tout le reste des parties exposées. Avec de la crème indice 50+ et ce, malgré ma peau colorée. Au grand étonnement de tout le monde d’ailleurs, la plupart des personnes du groupe ne s’en préoccupaient guère.
D’ailleurs vous pourrez voir les traces de crème solaire sur mon visage sur la photo au sommet du col du Galibier. Pourtant cette crème est relativement invisible après de grosses doses.
J’ai donc acheté le baume à lèvre conseillé.
LA ROCHE — POSAY Anthelios Stick lèvres sensibles spf 50+
Ce qui est dommage c’est que la composition n’est pas idéale Noté D (la plus mauvaise note).
Je me fie aux analyses de l’association UFC Que Choisir pour choisir les produits cosmétiques et limiter au maximum les perturbateurs endocriniens et autres allergènes.
Tant pis pour cette fois, les conséquences du coup de soleil sont plus graves que la composition du stick pour le reste de la semaine.
Le Col d’Izoard.
Je n’avais jamais entendu parler de ce col (ou je ne m’en souvenais plus).
Les premiers kilomètres sont presque une pause et sont très agréables. Parfait pour ne pas perturber la digestion. Je peux vous assurer que reprendre de forts pourcentages justes après avoir mangé ce n’est pas agréable.
J’ai passé un très bon moment dans le col, les paysages sont superbes, il y avait peu de circulation.
La partie finale est plus dure, mais traverse la forêt.
Un îlot de fraîcheur très agréable. Le point négatif est qu’on est suivi par une nuée d’insectes. Il faut veiller à ne pas respirer par la bouche sous peine de prendre une dose de protéines, ne pas ralentir ou s’arrêter, car on est tout d’un coup assailli.
Il faudrait trouver une solution à cela.
Un scaphandre réfrigéré ?
Ce serait une super idée.
Malheureusement le sommet était en travaux. Mais jolie récompense au sommet.
Ça change du panneau noir habituel.
La vallée d’Arvieux
Entre le sommet du col et la vallée du Queyras au pied, les paysages sont époustouflants.
On a vraiment une belle France. Difficile de ne pas être émerveillés. Parfois, c’est compliqué de rester concentrer et il vaut mieux s’arrêter pour admirer le paysage.
Le parc naturel régional du Queyras : tout simplement grandiose
Le Queyras est une vallée qui correspond au bassin versant du Guil, une rivière torrentielle qui finit dans le Rhône par la rivière Durance.
Qu’est-ce qu’un bassin versant ?
Un remerciement à mes études de géographie.
De façon schématique, e c’est un territoire où toutes les eaux (de surface et souterraines) convergent vers un seul point (appelé exutoire). Ça peut être un lac, un cours d’eau, une mer ou un océan.
La zone est délimitée par des lignes de partage des eaux (lignes de crêtes) qui séparent les bassins versants. Les précipitations au-dessus des lignes de crêtes sont réparties entre les bassins versants concernés.
L’étude des bassins versants et de leur dynamique est primordiale pour la gestion des espaces naturels, l’étude des risques et le bon aménagement du territoire.
Je n’ai pas pris autant de photos que souhaité. Autrement je me serais arrêté tous les 100 m (j’exagère à peine). La vallée vaut vraiment le détour.
J’en ai pris plein les yeux.
L’Isabelle de France (Graellsia isabellae)
Je n’ai pas eu la chance d’en voir, mais c’est le lieu de vie d’un papillon appelé « Papillon Vitrail ». L’Isabelle est endémique du sud de la France et des Pyrénées espagnoles. Très prisé des collectionneurs, le papillon est passé au bord de l’extinction et est toujours menacé.
Pouvant atteindre 10 cm d’envergure, c’est l’un des plus grands papillons d’Europe. On traverse des lieux vraiment riches à tout point de vue.
Il faut admettre qu’il est si beau que l’on peut comprendre le désir d’en avoir un chez soi. Toujours est-il que la faune et la flore sont mieux dans leur habitat et milieu naturel. À force de prélever, il ne reste plus rien et les espèces disparaissent.
Ce papillon nocturne est magnifique.
Bilan final
120,78 kilomètres et 2480 m de dénivelé selon mon GPS
Effectués en 5 h 20 soit une vitesse moyenne de 22,6 km/h.
Les alpes attirent des cyclistes du monde entier
En pleine ascension du col du Galibier, je reprends mon rythme après une pause photo et je sens un cycliste qui colle ma roue. Me sentant bien, je fais tomber une dent et j’accélère pour jauger. Il ne quitte pas ma roue. Après deux autres accélérations il est encore là et vient à ma hauteur me saluer, me dit que j’ai un beau vélo, que ma tenue est bien assortie et que je semble avoir de très bonnes jambes.
Le tout en anglais. Je lui retourne les compliments, son vélo était magnifique et était sur ma liste de « Dream bikes » (un Trek Madone SLR 9). Il me parle dans un anglais dont je ne reconnais pas l’accent. Les Étasuniens et les Britanniques ont un accent très particulier.
Je lui demande d’où il vient et il me répond : « From Australia » 😮
What?! L’Australie ?! Mais c’est à l’autre bout de la planète !!!
Le « pire » est qu’il me dit qu’il vient d’Australie avec des amis spécialement pour faire une partie de la route des Grandes Alpes (un peu moins de la moitié de la route). Et accessoirement visiter un peu la région. C’était sa première fois en France. Improbable. La passion n’a aucune frontière.
Nous avons discuté un peu (tout en roulant à bon rythme avec des relances), avant qu’il ne retourne à son groupe
Bel échange.
Impressions physiques
J’ai eu de super sensations tout au long de la journée. Me surprenant à relancer avec aisance, à mettre du braquet et à accélérer sans difficulté particulière. Je risque de payer cela plus tard dans la semaine, autant profiter de l’instant présent.
Le baume à lèvre m’a vraiment soulagé et j’ai pris conscience de la fragilité des lèvres dont je ne m’étais jamais préoccupé. Pourtant je me protège systématiquement et j’ai tendance à persécuter mes proches pour qu’ils mettent de la crème solaire.
Le soleil est super, et aussi très dangereux. Malheureusement, nous n’avons pas de compteur sur le capital soleil restant de notre peau. Certains passent leur vie au soleil sans problème et pour d’autres il suffit de quelques coups de soleil pour passer une vie à enchaîner les cancers de la peau. Nous ne sommes pas tous égaux face au soleil. Et il provoque aussi un vieillissement prématuré des yeux et est un facteur aggravant de la « Dégénérescence maculaire liée à l’âge » (DMLA).
Protégez-vous !
Même si théoriquement j’ai moins de risque en raison de la mélanine de ma peau, je me protège.
Après l’effort…
Agréable surprise, notre arrêt pour la nuit disposait d’une piscine. Idéale pour se détendre les jambes dans l’eau.
Le centre-ville de Guillestre est très joli.
Bilan matériel :
Premiers changements
Un changement des patins de freins bien usés. J’utilise des Swissstop Flash Pro Black Prince. Selon moi, ce sont les meilleurs patins. Efficaces en toutes circonstances avec mes roues, y compris sous la pluie.
Les patins sont tendres. Le revers de la médaille est qu’ils s’usent vite si on descend fort avec de gros freinages à l’approche des virages. Je les utilise toute l’année avec grand bonheur et sans aucune crainte de manquer de freinage à aucun moment.
En revanche, au bas de la descente du col d’Izoard, je sentais que le vélo freinait moins bien. J’avais prévu des pièces de rechange, dont 1 paquet de patins neufs.
Deuxième grosse session mécanique de la semaine après la tentative de sauvetage du pédalier à l’issue de la seconde étape
Whaou 😄
Nous voilà embarqués sur la suite de l’étape. Et oui, tu as fais connaissance avec le soleil sur les lèvres 😣 comme les gerçures l’hiver, c’est douloureux et gênant !
Tu as fait 10 km de plus 😱
La piscine devait être bienvenue 😄🙏
Merci pour ce beau partage…
Merci Delphine 😊
Oui je n’ai pas compris ce qui m’arrivait 😳
J’etais trop motivé alors tant pis pour moi 😂
Ça a fait du bien oui !!!
Merci beaucoup pour ce beau voyage. Les photos sont magnifiques. Je ne connaissais pas le papillon vitrail. Une belle découverte!
Merci Elise 🙂
J’aimerais beaucoup en voir un en vrai dans son habitat naturel. Ça doit être incroyable.